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athena - [Athena] SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques

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Objet : Histoire des techniques

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[Athena] SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques


Chronologique Discussions 
  • From: Frédéric Gendre <frederic.gendre AT meshs.fr>
  • To: athena AT services.cnrs.fr
  • Subject: [Athena] SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques
  • Date: Thu, 18 Feb 2010 13:35:41 +0100
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Bonjour à tous,

La Maison européenne des sciences de l'homme et de la société (MESHS USR 3185, Lille), consacre son deuxième Printemps des SHS (SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques) au thème du numérique. Elle se propose de mener une réflexion sur ce qui apparaît à certains comme une révolution. Dans quelle mesure l'informatique (l'ordinateur, pour ne citer que cette machine numérique) intervient-elle dans les processus de recherche ? Jusqu'où les objets d'étude eux-mêmes s'en trouvent-ils modifiés, voire redéfinis ? Dans quelle mesure aussi, et pas seulement au sein des seuls champs disciplinaires des sciences de l'homme et de la société, le numérique réorganise-t-il certains aspects de nos pratiques sociales et culturelles ?
Questions de recherche scientifique donc, mais aussi et très généralement, questions de société.

Présentation intégrale et programme ci-dessous :


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SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques

Printemps des sciences humaines et sociales 2010

MESHS - Maison européenne des sciences de l'homme et de la société - Lille Nord de France

La MESHS organise un mois de manifestations (séminaires, tables rondes, conférences) sur le thème du numérique et des SHS.

Présentation

L'importance croissante des données numériques et de leur échange (qu'il s'agisse d'images, de textes, de vidéo, de musique ou de quelque autre « data ») a donné à l'ordinateur individuel, ou au serveur de données, une place prépondérante dans l'économie de la recherche, tout comme dans notre rapport individuel à l'information et au savoir. Sans micro-ordinateur, point de salut. Après avoir bénéficié de l'aide à l'écriture par le biais du traitement de texte, le chercheur dispose aujourd'hui d'un outil de traitement du savoir. Cet outil ordonne, classe, échange, propose, parfois impose des formats. Le numérique est un fait, il remodèle le paysage du savoir, de son apprentissage et des méthodes qui y donnent accès.
Devant notre écran, nous croyons disposer d'un assistant ; d'aucuns pensent que nous avons trouvé un maître (un maître autoritaire) car son action est parfaitement diffuse et continue, parfois tellement omniprésente qu'elle en devient presque invisible et finalement naturelle. Pour avoir sur lui un semblant de maîtrise, il a fallu apprendre des gestes (utiliser des menus, enregistrer, se connecter, envoyer un courriel, ouvrir et redimensionner une image) comme on a appris jadis à lire, compter ou écrire. La pratique de l'outil, si alerte soit-elle, ne nous renseigne cependant pas sur sa nature technologique ou son mode de fonctionnement. Nous utilisons une technique, peut-être même un savoir, si l'on considère que l'informatique est fille des mathématiques, sans toutefois le connaître (à moins d'être informaticien) pour faire progresser ou soutenir le nôtre. Que devons-nous donc penser de cette nouvelle interdépendance des savoirs ?

La Maison européenne des sciences de l'homme et de la société (MESHS), en consacrant son deuxième Printemps des SHS au thème du numérique, s'est proposé de mener une réflexion sur ce qui apparaît à certains comme une révolution. Dans quelle mesure l'informatique (l'ordinateur, pour ne citer que cette machine numérique) intervient-elle dans les processus de recherche ? Jusqu'où les objets d'étude eux-mêmes s'en trouvent-ils modifiés, voire redéfinis ? Dans quelle mesure aussi, et pas seulement au sein des seuls champs disciplinaires des sciences de l'homme et de la société, le numérique réorganise-t-il certains aspects de nos pratiques sociales et culturelles ?
Questions de recherche scientifique donc, mais aussi et très généralement, questions de société.

Si les sciences humaines et sociales (SHS) ne sont pas à l'origine des conceptions informatiques, ni peut-être d'ailleurs d'une réflexion structurée sur les moyens et les fins de l'outil numérique, elles sont aujourd'hui requises à bien des égards pour instruire cette enquête. L'informatique s'est introduite dans leurs champs disciplinaires : les SHS ont en retour à en produire une épistémologie. Par exemple, l'automatisation du calcul (c'est ainsi que l'on définit très généralement l'informatique) donne lieu à des programmes qui se présentent sous forme de textes lus, interprétés, compilés et exécutés par une machine (à laquelle étrangement, parfois, on compare le cerveau) et en cela relèvent aussi de l'histoire des signes. S'il s'agit là sans conteste d'un nouveau langage, nous devrons nous demander si nous sommes, pour autant, face à un nouveau savoir. Le paysage technologique s'est rempli d'objets aux noms énigmatiques. Qui sait ce que signifie « DVI », « jpeg », « mpeg », « mp3 », « VGA » ? Des noms, pourtant, tôt ou tard rencontrés. Sait-on que derrière un tel acronyme est décrit un groupe de travail, une norme qui garantit certaines règles d'utilisation et de fabrication ? L'enjeu est important : il s'agit de la lisibilité et de la pérennité de nos archives. Il est donc « documentaire », et au-delà, « mémoriel ». Le droit voit aussi certaines de ses catégories remises en cause. L'illustration en fut manifeste lors de la controverse sur le projet de loi Hadopi. Si la tendance générale est à la dématérialisation des documents, leur échange et surtout leur identification posent de nouveaux problèmes en matière de propriété individuelle et collective. Enfin, si la société des hommes s'est structurée traditionnellement par la résistance de l'espace et du temps (comme on parle de celle des matériaux), l'usage exponentiel du réseau, abolissant les distances et parfois brouillant les repères temporels, ne peut manquer d'interpeller sociologues, psychologues,  économistes ou philosophes, et permet aux artistes de jouer avec de nouvelles formes d'ubiquité.

En réunissant des chercheurs d'horizons divers, le Printemps des SHS 2010 entend nourrir une réflexion interdisciplinaire qui rompe avec des questionnements souvent sectoriels sur des pratiques et des objets pourtant omniprésents.





1 - L’informatique : une nouvelle écriture pour un nouveau savoir ?

1.1 -  Émergence et situation du numérique

Conférence inaugurale / lundi 8 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des canonniers - Lille.

L’écriture, celle des ordinateurs et des réseaux, est fondée sur le code (dont le plus connu est ASCII). Il permet de transformer de très diverses données en passage ou absence de passage du courant électrique dans la machine, passage/non passage que nous symbolisons par deux chiffres : 1 et 0. Désormais, les textes, les nombres, les calculs mathématiques, mais aussi les arts et pratiques de l’image, les sons de la musique, la et les monnaies, qui utilisaient des supports différents, se voient tous rapportés au même procédé d’écriture qui encode les données entrées dans l’ordinateur en nombres binaires — puisque la machine ne connaît que deux signaux « passage» et « non passage » du courant. En créant ainsi un nouvel univers sémiologique, l’écriture informatique a bouleversé nos pratiques et pourrait bien avoir modifié notre rapport au monde et au savoir, en déterminant nos façons de penser. Ce sont ces rapports entre écritures et pensée que s’attache à étudier le dernier ouvrage de Clarisse Herrenschmidt, dont elle viendra nous présenter les principales conclusions.

Clarisse Herrenschmidt, Chargée de recherche en anthropologie au CNRS (laboratoire d’anthropologie sociale, Collège de France, EHESS), auteur de : Les trois écritures (Paris, Gallimard, 2007).

Séance introduite par Bruno Ambroise, Chargé de recherche en phosophie au CNRS (laboratoire CURAPP-ESS, Université de Picardie) ; responsable scientifique à la MESHS.

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1.2 - Informatique entre pratiques et savoirs

Table ronde / Jeudi 11 mars 2010 / 17h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des canonniers - Lille.

Dire que l’informatique s’inscrit dans l’histoire du langage et de l’écriture, c’est l’inscrire dans la trame du vecteur par excellence de la connaissance. Si des débats récurrents interviennent pour savoir si, au même titre que l’écriture, l’informatique est le bon outil pour transmettre de la connaissance, bien peu s’interrogent encore sur la possibilité que l’informatique elle-même, en tant qu’elle constitue un objet particulier, puisse constituer un nouveau champ de connaissances propres. Elle peut certes être comprise comme une automatisation des raisonnements menés dans les systèmes formels, qui l’apparentent en ce sens à une opération d’ordre logico-mathématique. Or on ne dénie pas aux mathématiques le statut de science. Mais le reconnaît-on à l’informatique ? Ne peut-on pas considérer qu’elle synthétise des actes cognitifs ou, du moins, qu’elle décrit quelque chose du monde ? Tel sera l’objet central des réflexions de cet échange.

Bruno Bachimont, Maître de conférences en logique, philosophie et ingénierie des connaissances et des documents à l’Université de Technologie de Compiègne (laboratoire Heudiasyc), Directeur scientifique de l'Institut national de l'audiovisuel (INA).
Gérard Berry, Directeur de recherche à l’INRIA, titulaire au Collège de France de la chaire informatique et sciences numériques 2009-2010 (Collège de France - INRIA).
François Sebbah, Maître de conférences en philosophie à l’Université de Technologie de Compiègne (laboratoire COSTECH) et directeur de programme au Collège international de philosophie.
Jean-Paul Delahaye, Professeur d'informatique à l’Université Lille 1 (laboratoire d’informatique fondamentale, LIFL).

Séance introduite et animée par Pierre Cassou-Noguès, chargé de recherche en philosophie au CNRS (laboratoire STL, Université Lille 3).


2 -    La norme, le droit et la régulation

2.1 - La norme technique et la régulation / De quoi JPEG est-il le nom ?

Table ronde / Mardi 16 mars 2010 / 17h-20h / Amphithéâtre Euratechnologies / 16 avenue de Bretagne - Lille.

Toute communication a besoin de normalisation pour que le message envoyé atteigne ses destinataires et soit compris d’eux. La norme est aussi ancienne que la communication, comme en témoigne l’écriture, dont on peut dire qu’elle est une norme de transcription du langage. La norme est omniprésente dans le numérique, sous des formes variées comme en attestent de multiples acronymes : ASCII, mpeg, jpeg, mp3, USB, DVI, VGA…
Les normes naissent, se concurrencent et meurent. Elles naissent pour répondre à un besoin, le stockage efficace de la musique ou des textes, par exemple, ou les besoins de transfert d’informations entre ordinateurs. Elles se concurrencent, une norme en supplantant d’autres pour servir de référence : le jpeg est devenu le standard pour la manipulation des photos, le mp3 pour le codage de la musique. Elles meurent quand l’évolution technologique les rend obsolètes, c’est ainsi que les transferts parallèles ont été supplantés par les transferts USB. Les normes font enfin l’objet d’enjeux techniques, économiques, politiques et financiers : celles relatives à la nouvelle génération de DVD, par exemple, sont un instrument de concurrence entre firmes d’électronique.
Cette rencontre sera l’occasion d’analyser le rôle d’organismes publics ou privés dans la construction, la diffusion et la pérennisation de ces normes. Elle interrogera le mode de constitution des consortiums, leur fonction de régulation, et analysera les problèmes posés par la concurrence, comme les vertus ou les risques associés à la domination d’une norme.

François Horn, Maître de conférences en économie à l’Université Lille 3 (laboratoire CLERSÉ).
Jacques-François Marchandise, Directeur de développement à la Fondation internet nouvelle génération (Fing).
Marius Preda, Professeur associé à l’Institut national des Télécom, Sud-Paris.
Vincent Quint, Directeur de recherche à l’INRIA (Grenoble), membre du Advisory Committee du World Wide Web Consortium (W3C).

Séance introduite et animée par Hubert Jayet, Professeur d'économie à l’Université Lille 1 ; Directeur du laboratoire EQUIPPE ; responsable scientifique à la MESHS.

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2.2 - Le droit / Quel modèle économique de la propriété pour internet ?

Conférences / Jeudi 18 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des canonniers, Lille.

Depuis plusieurs années, le développement des nouvelles technologies vient bousculer un droit de la propriété intellectuelle qui, dans le même temps, est de plus en plus sollicité. En permettant la reproduction à l’infini d’œuvres numérisées, en rendant possible leur circulation tous azimuts, informatique et Internet mettent à mal l’idée d’une propriété stable et incontestée. La propriété intellectuelle se trouve alors confrontée à l’une de ses contradictions fondamentales : consacrer des droits au sujet d’objets immatériels. Par ailleurs, son application à la création informatique n’est en rien évidente.
Les nouvelles technologies rendent ainsi nécessaire une réflexion sur l’émergence de nouveaux modèles de propriété. Elles conduisent à repenser les règles et les institutions mais aussi les moyens techniques grâce auxquels le droit est efficace. Elles invitent enfin à s’interroger sur la possibilité  d’une propriété dans un espace virtuel.

Philippe Aigrain, Directeur de la société Sopinspace, auteur de Internet et création, édition en ligne, In Libro Veritas, 2008.
Marie-Alice Chardeaux, Maître de conférences en droit à l’Université Paris 12, auteur de: Les Choses communes, L.G.D.J., 2006.

Séance introduite et animée par Bastien Sibille, Chercheur en sciences politiques, associé au CERAPS (Université Lille 2) ; coordonnateur de l’Association Internationale du Logiciel Libre.


3 - Le document et l’immatériel

3.1 - Les humanités numériques / digital humanities

Séminaire et conférence / Lundi 22 mars 2010 /  15h - 20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des canonniers - Lille.

    > Séminaire (ouvert au public) / 15h-18h
L’intensification des usages des technologies de l’information et de la communication bouleversent les sciences humaines et sociales. Si ces pratiques constituent un terrain d’enquête et d’analyse, elles rencontrent également celles des chercheurs en SHS. Avec le développement du micro-ordinateur et avec l’essor d’Internet, de nouvelles possibilités techniques sont mises au service de la recherche et redéfinissent en même temps les manières de faire, voire transforment les communautés savantes elles-mêmes.
Ce constat est au cœur des Digital Studies qui se développent outre-Atlantique depuis plus d’une dizaine d’années et dont le but est d’intégrer les nouvelles technologies aux pratiques de recherche et d’enseignement en SHS. Les humanités numériques jouent désormais un rôle fondamental dans la constitution et la conservation des données ; elles transforment le rapport aux sources, dont la démultiplication nécessite de nouveaux modes de critiques. L’usage des nouvelles technologies intervient également dans la production des connaissances, qu’il s’agisse d’analyse textuelle, de système d’information géographique ou de simulation statistique. Enfin, les humanités numériques jouent aussi un rôle important dans la diffusion des savoirs. L’émergence de l’édition électronique transforme l’économie de l’argumentation mais aussi les modes de validation des connaissances.

Marin Dacos, Directeur du Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo).
Renaud Limelette, chef de projet du portail Fontes Historiae Iuris, Centre d'Histoire Judiciaire, Faculté de droit, Université Lille 2.
Cynthia Pedroja, Chargée des ressources documentaires numériques à la MESHS.
Stéphane Pouyllau,  Responsable du pôle Digital Humanities au TGE Adonis et du Centre national pour la numérisation de sources visuelles (CN2SV).

La séance sera introduite et menée par Gabriel Galvez-Béhar, Maître de conférences en histoire à l’Université Lille 3 (laboratoire IRHiS) ; responsable scientifique à la MESHS.

    > Conférence / 18h30 - 20h
Emmanuel Hoog, Directeur de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

Conférence introduite par Fabienne Blaise, Professeur de littérature grecque à l’Université Lille 3 (Laboratoire STL), Directrice de la MESHS.

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3.2 - Le Web sémantique : traitement universel des langues et des images ?

Séminaire / Jeudi 25 mars 2010 / 15h-18h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des canonniers - Lille.

Après le web 1.0 et ses pages statiques, le web dit  « 2.0 » et ses pages dynamiques, sa dimension collaborative et ses réseaux sociaux, le web de demain sera-t-il sémantique ?
L’enjeu de cette mutation est de taille et mobilise les acteurs du web dans leur ensemble : producteurs de contenu, instances de régulation internationale (W3C), mais également chercheurs dans des domaines aussi variés que l’informatique, l’intelligence artificielle, le traitement automatique des langues, l’ingénierie des connaissances, et la recherche d’information.
En effet, la clé de cette mutation est l’accès au savoir contenu dans les pages web, afin que soient associés aux documents des concepts hiérarchisés (ontologies) et des métadonnées (données sur les données). Ainsi, face à une requête contenant le mot « Poutine », un moteur de recherche distinguera dans ses réponses : des documents politiques sur « Vladimir Poutine », ou des recettes de cuisine, la poutine étant un plat québécois (entre autres) composé de frites et de fromage recouverts de sauce barbecue.
Peut-on transformer le texte des pages web en information, et l’information en savoir, y compris dans plusieurs langues ? Comment mettre au point des ontologies universelles ? Quelles applications concrètes peut-on en attendre ? Que fera-t-on de cette masse de savoirs hétérogènes ?
Ces questions seront abordées sous la forme d’un séminaire ouvert au public, mais également tourné vers les entreprises innovantes et les étudiants.

Antonio Balvet, Maître de conférences en linguistique à l’Université  Lille 3 (laboratoire STL)
Thierry Poibeau, Chargé de recherche en informatique au CNRS (Laboratoire LaTTiCe, Université Paris 13)
Manuel Zacklad, Professeur titulaire de la chaire « Expressions et cultures au travail » du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM, Paris), et chercheur associé à l’Université de Technologie de Troyes (équipe Tech-CICO).

La séance sera introduite et menée Antonio Balvet.

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3.3 - Histoire de la pensée modélisée

Conférences / Jeudi 25 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des canonniers - Lille.

Les techniques numériques occupent une place privilégiée dans les recherches scientifiques sur les phénomènes mentaux. À la suite des premiers travaux de Turing, les chercheurs en sciences cognitives ont massivement adopté l’idée que l’esprit pouvait adéquatement être comparé à un logiciel dans le cerveau et que le fonctionnement du cerveau pouvait être pensé sur le modèle des ordinateurs. Nombreux sont pourtant ceux qui soupçonnent  aujourd’hui qu’un tel « paradigme computationnel » laisse quelque chose de côté. Ils proposent d’abandonner la comparaison de l’intelligence humaine à celle d’un ordinateur et de prendre au sérieux l’idée qu’elle est un phénomène essentiellement biologique.
L’abandon du modèle computationnel n’exclurait pourtant pas les techniques numériques des laboratoires qui étudient l’esprit humain. Indépendamment de la manière dont on se représente  le fonctionnement de l’esprit, on sait aujourd’hui repérer des corrélations entre les activations cérébrales d’un sujet et certaines de ses pensées ou des ses actions à venir. Si elles ont déjà des applications thérapeutiques impressionnantes, ces techniques de détection de pensée menacent de bouleverser notre rapport à l’intimité psychique et posent des problèmes éthiques fondamentaux.

Jean-Michel Roy, Maître de conférences en philosophie à l’ENS-LSH, Lyon.
Laurent Pézard, Professeur de neurosciences à l’Université de Provence (laboratoire de neurosciences intégratives et adaptatives, LNIA).

Séance introduite et menée par Alexandre Billon, MaÎtre de conférences en philosophie à l’Université Lille 3, (laboratoire STL).


4 - Accès, interactivité et réseaux sociaux

4.1 -    Politiques d’accès, réseaux sociaux et contenus participatifs

Conférences / Mardi 30 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des canonniers - Lille.

Internet, les TIC et le numérique ont entraîné une profonde remise en cause des anciens équilibres entre savoirs académiques et productions industrielles. Dans nos « sociétés de connaissance », les processus d’innovation mêlent de plus en plus des compétences internes et externes aux laboratoires de recherche et développement (R&D), où l’innovation devient le fruit d’interactions entre des acteurs nombreux et variés : les firmes, les laboratoires académiques, les pouvoirs publics, les financiers, les clients ou les utilisateurs.
Les outils du Web 2.0 (i.e. l’Internet de deuxième génération), plus rapide grâce aux hauts débits et plus participatif avec les blogs, les vidéos en ligne et autres nouvelles applications accélèreront-ils l’évolution de ces possibilités de participation citoyenne dans le débat public, de la création de nouvelles relations entre les décideurs et les acteurs de la société civile, de nouveaux services publics plus innovants et porteurs de valeur ajoutée pour les citoyens et les entreprises ?
La citoyenneté n’est plus seulement ici une question de diffusion des connaissances savantes constituées (cf. les politiques de « public understanding of science » ou de « culture scientifique et technique »). Elle implique également l’accès de chacun à la production de savoirs et aux décisions sur l’orientation des recherches et des innovations qui façonnent notre monde. Comment partager, non plus une science déjà faite, mais une science en devenir ?
En instaurant de nouveaux rapports entre industries de contenus, industries médiatiques et industries techniques, la « convergence numérique » affecte variablement les anciennes filières du secteur culturel. En même temps que des industries comme le cinéma, la radio, la télévision ou le disque sont touchées de plein fouet par la numérisation, un « nouveau paysage numérique » se dessine sous nos yeux, qui évolue sans cesse (changements de formats, de supports ou de diffusion). Ces nouveaux réseaux et nouvelles formes de distribution culturelle (télévision numérique, téléchargement, peer to peer...) représentent-ils de grandes menaces ou des perspectives attrayantes pour l’économie traditionnelle des contenus ?
Dans ce contexte, il s’agit, d’une part, d’inventer les nouveaux produits et usages sociaux de « dispositifs et services médiatiques » non encore stabilisés, notamment dans le domaine de l’audiovisuel numérique et des médias interactifs. D’autre part, une approche en termes de médiacultures ou de cultures médiatiques doit ici être mise en œuvre, qui soit particulièrement attentive à la redéfinition croisée des configurations techniques et des cadrages sociaux de ces nouveaux médias.
L’innovation consiste désormais à considérer que l’offre et la demande ne préexistent pas à la coordination. Nous interrogerons ces mutations des politiques d’accès, leurs nouveaux réseaux et contenus participatifs, à partir de deux initiatives originales de création de laboratoires d’un nouveau genre : le Laboratoire des usages d’Orange Labs et Le Médialab de Science-Po.

Dominique Cardon, sociologue au Laboratoire des usages d’Orange Labs et chercheur associé au Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS - EHESS).
Tommaso Venturini, Coordinateur des recherches Médialab à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po).

Séance introduite et animée par Jean-Paul Fourmentraux, Maïtre de conférences en sociologie à l’Université Lille 3 (laboratoire GERiiCO), chercheur au Centre de sociologie du travail et des arts  (CESTA - EHESS).

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4.2 -    Démo - monstration et démonstration des dispositifs interactifs

Journée d’étude / Vendredi 2 avril / 9h – 20h / Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains / 22 rue du Fresnoy - Tourcoing
Journée ouverte à tous

    > Invité d’honneur de la journée: Peter Lunenfeld
 
Cette journée d’étude est organisée en association avec le programme de recherche ANR-08-CREA-063 (2009-2011)« Praticables. Dispositifs artistiques : les mises en œuvre du spectateur », en partenariat avec l’EnsadLab, Laboratoire de l’École nationale supérieure des arts décoratifs et du Fresnoy, Studio national des arts contemporains.

Conception et modération : Samuel Bianchini, Maître de conférences à l’Université de Valenciennes, laboratoire CALHISTE) et Jean-Paul Fourmentraux, Maître de conférences en sociologie à l’Université Lille 3 (laboratoire GERiiCO), chercheur au Centre de sociologie du travail et des arts  (CESTA - EHESS).

Les dispositifs interactifs nécessitent d’être pratiqués par leur public pour en faire l’expérience : une expérience aussi bien physique, cognitive, qu’esthétique. Mais ce partage de la mise en œuvre avec le public pose de nombreuses questions et convoque de multiples stratégies de mise en public. Les sciences de l’ingénieur ont pris l’habitude de créer des démonstrateurs dont les chercheurs font eux-mêmes la démonstration ou qu’ils testent auprès d’un public plus ou moins captif. Les arts disposent d’un médium que les sciences méconnaissent : l’exposition. Mais comment celle-ci peut-elle être repensée non plus comme l’aboutissement d’une œuvre mais comme une phase de son expérimentation et de sa réalisation, en prise avec son public ? Comment, la démonstration, opérée, cette fois, par le créateur, peut-elle rejoindre le domaine de la performance artistique, tel que l’annonçait déjà, en 2000, Peter Lunenfeld dans son célèbre essai : Demo or die ? Si les dispositifs interactifs artistiques peuvent être vecteurs d’innovation : comment est-il possible de faire se croiser monstration et démonstration, valorisation artistique et valorisation technologique, au profit de chacun de ces domaines ?
Cette journée d’étude proposera un ensemble de conférences, de débats et de rencontres avec des artistes et des chercheurs en sciences de l’ingénieur et en sciences de l’information et de la communication.
Dans la mesure du possible, un versant pratique pourrait être associé à cette journée, aussi bien sous l’angle de « démonstrations-performances » que d’« œuvres-démonstrateurs ».

• Invité d'honneur de la journée: Peter Lunenfeld, Professeur au département Design / Media Arts de l’Université de Los Angeles (UCLA), auteur de : The Digital Dialectic, Snap to Grid, USER:InfoTechnoDemo, et The Secret War Between Downloading and Uploading (sous peu). Il est le créateur et le directeur éditorial du projet MIT Press Mediawork. http://www.peterlunenfeld.com

Yves Bernard (sous réserve), directeur de l’iMAL - Center for Digital Cultures and Technologyhttp://www.imal.org.
Jean-Louis Boissier, artiste et professeur à l’Université Paris 8 et auprès d’EnsadLab. Directeur de l’équipe de recherche Esthétique des nouveaux médias - www.ednm.fr
Thierry Dutoit, Professeur et chercheur au TCTS Lab, Faculté Polytechnique de Mons (FPMs), et coordinateur scientifique de NUMEDIART, programme de recherche sur les technologies numériques pour les arts. http://www.numediart.org
Laurent Grisoni,  Professeur d'informatique à l’Université Lille 1 et à Polytech’Lille.
Mieke Gerritzen, Directrice du Graphic Design Museum, Breda, ancienne directrice du Sandberg Institute à Amsterdam.
Hehe : Helen Evans et Heiko Hansen, artistes.
Teleferique (1999 - 2005) : Sonia Marques et Étienne Cliquet, artistes.
Koert Van Mensvoort, Professeur au département de design industriel de l’Université de technologie d’Eindhoven.
Tanaka Atau, artiste et Professeur à l’Université de Newcastle, chaire des  « Digital Media » et directeur du Culture Lab.



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Frédéric Gendre
Responsable pôle médiation scientifique et communication
Maison européenne des sciences de l'homme et de la société
MESHS - Lille Nord de France
frederic.gendre AT meshs.fr
tel. 03 20 12 28 33
www.meshs.fr
PRINTEMPS DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
édition 2010 : SHS 2.0 Objets et pratiques numériques
8 mars - 2 avril
http://printempsSHS.meshs.fr

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  • [Athena] SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques, Frédéric Gendre, 18/02/2010

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